En dépit des progrès des procédures de dépistage et de l’utilisation de la thérapie adjuvante, environ 50 % des patients atteints de cancer colorectal finiront par développer une maladie métastatique. La survie à long terme sans maladie peut être obtenue chez 25 à 40 % des patients sélectionnés qui subissent une résection des métastases hépatiques ou pulmonaires. Pour tous les autres patients, le traitement est palliatif. Pendant des décennies, le 5-fluorouracile a été le seul médicament disponible pour le cancer colorectal ; de nombreux essais ont donc été réalisés en utilisant divers schémas d’administration et agents modulateurs pour améliorer l’efficacité thérapeutique. L’ajout de leucovorine au 5-FU améliore la réponse mais pas la survie. Les schémas de perfusion modifient le profil de toxicité mais ont un impact négligeable sur la survie. L’irinotécan a été le premier nouveau médicament à démontrer une activité dans le cancer colorectal. Il a d’abord été utilisé en deuxième intention, où il a été démontré qu’il améliorait la qualité de vie et la survie par rapport aux meilleurs soins de soutien ou au 5-FU en perfusion. Récemment, l’irinotécan a été intégré au traitement de première ligne du cancer colorectal métastatique en association avec le 5-FU et la leucovorine ; cette association améliore la survie d’environ 3 mois. Une sélection rigoureuse des patients et le respect d’ajustements de dose stricts sont essentiels pour prévenir une toxicité importante lorsque les patients sont traités avec ce régime. La capécitabine, fluoropyrimidine orale, a récemment été approuvée pour le traitement de première ligne des patients atteints de cancer colorectal qui ne sont pas des candidats appropriés pour le traitement combiné. L’oxaliplatine, un nouveau platine DACH (diaminocyclohexane) ayant une activité certaine dans le cancer colorectal, est approuvé pour cette maladie en Europe et fait l’objet d’essais cliniques de phase III aux États-Unis. Parmi les autres médicaments ayant une activité potentielle dans le cancer colorectal, citons le raltitrexed, le pemetrexed disodium et l’analogue de l’épothilone BMS-247550 (Bristol-Myers Squibb, New York, NY). De nouveaux cytostatiques présentant une activité prometteuse dans le cancer colorectal sont en cours d’évaluation dans le cadre d’essais cliniques, notamment les inhibiteurs du récepteur du facteur de croissance épidermique, tels que l’IMC-C225 (Imclone Systems, New York, NY) et le ZD1839 (AstraZeneca, Londres, Royaume-Uni), les inhibiteurs de l’angiogenèse tels que le bevacizumab et le SU5416 (Sugen, San Francisco, CA), et les vaccins tels que le CEAVac (Titan Pharmaceuticals, San Francisco, CA). Pour les patients dont la maladie est localisée au foie, on assiste également à l’émergence de thérapies locales, notamment la cryochirurgie, l’ablation par radiofréquence, la chimiothérapie par perfusion dans l’artère hépatique et la résection. L’émergence de ces nouveaux médicaments et de nouvelles modalités interventionnelles a permis aux médecins qui traitent le cancer colorectal d’aller au-delà du 5-FU.