Les préparations d’hydroxyde de potassium (KOH) restent un test de chevet important pour un diagnostic rapide et précis des infections fongiques superficielles connues sous le nom de dermatophytoses. Cet outil est utilisé depuis au moins 100 ans, les premières terminologies le désignant sous le nom de potasse ; depuis le siècle dernier, il s’agit en grande partie d’une technique transmise comme un savoir-faire de maître technicien à apprenti apprenant. Le pionnier original de la préparation KOH reste un mystère.1
Il existe des variations sur les techniques de réalisation de la préparation KOH, et les conseils et astuces sur l’utilisation de ce test sont un sujet brûlant parmi les dermatologues.2 Bien que les publications de soins primaires et spécifiques à la dermatologie épousent l’importance de la préparation KOH,3,4 elle a malheureusement été identifiée et étiquetée comme l’un des outils diagnostiques oubliés.5
Il incombe aux dermatologues de former les étudiants en médecine et les résidents à l’aide d’une méthode simple et spécifique afin de s’assurer que cette technique simple et efficace, dont la sensibilité est rapportée entre 87% et 91% selon l’expertise de l’examinateur,6 continue de faire partie de l’arsenal clinique. L’une des préoccupations lors de l’enseignement à de grands groupes d’étudiants et de cliniciens est l’accessibilité ou la disponibilité immédiate d’échantillons de peau viables. Cet article décrit une méthode de collecte et de conservation des échantillons de peau qui permettra aux éducateurs de former de grands groupes d’étudiants à la réalisation de préparations KOH sans avoir à rechercher de manière répétée des échantillons de peau ou des patients présentant des infections cutanées superficielles. Une description détaillée de la pédagogie utilisée pour enseigner la préparation et l’interprétation des lames de KOH à un grand groupe d’étudiants est également passée en revue.
Collecte d’échantillons
La première étape de l’enseignement de la préparation KOH à un grand groupe est la collecte d’un nombre approprié de raclages cutanés de patients présentant une infection cutanée fongique superficielle (par exemple, tinea corporis, tinea versicolor). Une technique courante pour obtenir des échantillons de peau consiste à utiliser une lame de scalpel no. 15 (Figure 1) pour gratter les squames de la lésion au niveau de sa bordure squameuse, une fois la zone humidifiée avec un tampon d’alcool ou de l’eau et du savon.7 L’humidité du tampon d’alcool permet aux squames d’adhérer à la lame no. 15, ce qui facilite le prélèvement. Une fois qu’une quantité appropriée de tartre est recueillie, elle est placée sur une lame de microscope en verre en étalant le tartre de la lame sur la lame. Ce processus a été modifié pour faciliter la collecte d’une plus grande quantité de spécimens comme suit : les plaques infectées par les dermatophytes et contenant du tartre sont frottées avec la lame no. 15 et le tartre libre tombe dans un gobelet standard pour échantillons d’urine. Ce processus est répété plusieurs fois sur différents sites pour capturer le tartre déplacé avec le dermatophyte. Nous avons constaté que tant que les gobelets sont fermés hermétiquement et stockés dans un environnement relativement sec et frais (température ambiante), les échantillons peuvent être utilisés pour construire des lames didactiques KOH pendant au moins 3 ans. Nous ne les avons pas utilisés au-delà de 3 ans, mais nous soupçonnons qu’ils continueraient à être viables après cette période.
Préparation des lames
Compte tenu du fait que le temps d’enseignement est souvent limité, il est bénéfique de fixer de nombreux raclages cutanés sur un grand nombre de lames de verre avant la session, ce qui permet aux étudiants de simplement ajouter du KOH aux lames le jour de l’enseignement. Pour préparer les lames à l’avance, il est nécessaire de rassembler le matériel suivant : un gobelet à échantillons avec des échantillons de peau, des lames de verre, des pics ou des pinces, une petite pipette, un gobelet d’eau, des gants de protection et un crayon. Après avoir enfilé des gants de protection, on utilise les pinces pour prélever quelques lamelles de tartre dans le gobelet et les placer au centre d’une lame de verre. À l’aide de la pipette, on ajoute 1 ou 2 gouttes d’eau au calcaire, puis on laisse sécher la lame. Les lames sont marquées au crayon pour indiquer le côté « haut » afin d’éviter que les étudiants n’appliquent la solution de KOH sur le mauvais côté de la lame. L’échelle de peau est fixée en place sur la diapositive au fur et à mesure que l’eau s’évapore et peut être stockée jusqu’à ce qu’elle soit nécessaire pour être utilisée dans une boîte à diapositives ou un dossier standard.
Réaliser la préparation KOH
Le jour de l’enseignement, il est utile d’engager tout le groupe d’étudiants avec un cours d’introduction sur le but et l’utilisation de la préparation KOH. À la fin, les étudiants se déplacent vers un poste de travail avec tout le matériel nécessaire pour préparer la diapositive. Les autres éléments nécessaires à ce moment sont une solution de KOH à 10 %, des lamelles couvre-objet et un dispositif de chauffage (par exemple, un briquet, un bec Bunsen, une allumette) (facultatif). Les élèves sont invités à placer 1 ou 2 écailles de peau sur une lame de verre ou à récupérer une lame avec des écailles de peau déjà fixées, puis à ajouter 1 goutte de solution de KOH à 10 % directement sur l’échantillon (figure 2). Ensuite, ils doivent placer une lamelle couvre-objet sur la goutte de KOH et l’échantillon de peau en utilisant une technique de déplacement latéral qui permettra de déplacer l’écaille en une fine couche dans la solution de KOH et de repousser tout excès de solution à la périphérie (figure 3). Les grandes quantités de solution KOH excédentaire doivent être éliminées à l’aide d’une serviette en papier, de papier à lentille ou d’un tissu. La source de chaleur peut être utilisée pour chauffer doucement le dessous de la lame de verre (figure 4), mais il suffit souvent d’attendre 3 à 5 minutes pour que la solution de KOH fasse effet. La chaleur accélère la macération du tartre et permet de voir plus facilement les hyphes parmi les kératinocytes. Certains médecins préconisent l’utilisation du diméthylsulfoxyde au lieu du chauffage,8 mais cette solution n’est pas forcément disponible dans tous les établissements de soins primaires.