L’histoire de la vengeance de Marvin Heemeyer et de son Killdozer

Après que sa requête de zonage ait été rejetée, Marvin Heemeyer a décidé de modifier son bulldozer et de se venger de la ville qui lui a fait du tort.

Lorsque Marvin Heemeyer de Granby, dans le Colorado, a atteint une impasse dans son combat avec la commission de zonage, la réponse logique aurait été de leur adresser une nouvelle pétition et d’attendre une réponse future. Après tout, on disait de Marvin Heemeyer qu’il était un homme logique, il est donc logique qu’il adopte une approche logique.

Au lieu de cela, Marvin Heemeyer est rentré chez lui, a équipé son bulldozer Komatsu D355A de plaques blindées et l’a conduit à travers la ville en abattant 13 bâtiments et en causant 7 millions de dollars de dégâts avec son « killdozer » de fortune.

Le combat de Marvin Heemeyer avec la ville avait commencé trois ans avant son déchaînement de killdozer.

Heemeyer possédait un petit atelier de soudure en ville, où il gagnait sa vie en réparant des silencieux. Il avait acheté le terrain sur lequel son atelier était construit en 1992, et au fil des ans, il avait accepté de le vendre à une entreprise de béton pour y construire une usine. Les négociations n’avaient pas été faciles, et il avait eu du mal à s’entendre avec l’entreprise sur un prix convenable.

En 2001, la ville a approuvé la construction d’une usine de béton, zonant le terrain à côté de celui de Heemeyer pour cet usage. Heemeyer était furieux, car il utilisait ce terrain depuis neuf ans comme un raccourci entre sa maison et son atelier de silencieux. Il a adressé une pétition à la ville pour que la propriété soit rezonée afin d’empêcher la construction de l’usine, mais a été rejeté à plusieurs reprises.

Alors, au début de 2003, Marvin Heemeyer a décidé qu’il en avait assez. Quelques années auparavant, il avait acheté un bulldozer avec l’intention de l’utiliser pour créer une route alternative à son atelier de silencieux. Maintenant, cependant, il servirait un nouveau but comme son arme de destruction massive, le killdozer.

Il a commencé à équiper son bulldozer de plaques blindées, couvrant la cabine, le moteur et certaines parties des chenilles. Il avait créé le blindage lui-même, en utilisant un mélange de béton coulé entre des feuilles d’acier, créant parfois des plaques de plus d’un pied d’épaisseur. Au final, le killdozer était résistant aux tirs d’armes légères et aux explosifs – et d’ailleurs, les balles tirées sur lui pendant le saccage n’ont eu aucun effet néfaste.

Comme le blindage couvrait une grande partie de la cabine, une caméra vidéo était montée à l’extérieur pour la visibilité, recouverte d’un plastique pare-balles de 3 pouces. A l’intérieur du cockpit de fortune se trouvaient deux moniteurs sur lesquels Heemeyer pouvait observer sa destruction. Il y avait également des ventilateurs et un climatiseur pour le garder au frais pendant qu’il pilonnait la ville.

Enfin, il a façonné trois ports d’armes et les a équipés d’un fusil de calibre .50, d’un semi-automatique .308 et d’un long fusil .22. Selon les autorités, une fois qu’il se serait enfermé dans le cockpit, il serait impossible d’en sortir – et elles ne croient pas qu’il l’ait jamais voulu.

Quand son killdozer a été terminé, près d’un an et demi après que Heemeyer ait commencé à l’assembler, il s’est préparé pour son attaque. Le 4 juin 2004, il s’est enfermé dans le cockpit de son killdozer et s’est mis en route pour la ville.

Il a fait sortir la machine de son atelier en traversant le mur, puis a labouré la centrale à béton, la mairie, un bureau de presse, la maison de la veuve d’un ancien juge, une quincaillerie et d’autres maisons. Les autorités ont réalisé que chaque entreprise ou maison qui avait été rasée avait un lien quelconque avec Heemeyer et son combat contre le comité de zonage.

Pendant deux heures et sept minutes, Marvin Heemeyer et son killdozer se sont déchaînés dans la ville, endommageant 13 bâtiments et mettant hors service le gaz à l’hôtel de ville. La panique est telle que le gouverneur envisage d’autoriser la Garde nationale à attaquer avec des hélicoptères Apache et un missile antichar. Les attaques étaient même en place et si Heemeyer ne s’était pas calé seul dans le sous-sol d’une quincaillerie, elles auraient été exécutées.

En tentant de raser la quincaillerie Gambles, il a coincé le bulldozer dans les fondations. Avec la fin en vue, Heemeyer se tue d’une balle dans la tête dans son cockpit, déterminé à quitter le monde selon ses propres termes.

Malgré les près de 7 millions de dollars de dégâts matériels causés à la ville de Granby, pas un seul humain en dehors de Heemeyer n’a été tué. Un système de 911 inversé a été utilisé pour prévenir les résidents de la présence du killdozer afin qu’ils puissent s’éloigner à temps.

Après le saccage, les autorités ont fouillé le domicile de Heemeyer et ont trouvé de multiples notes et bandes audio qui décrivaient les motivations de Heemeyer. Elles ont également découvert que plusieurs hommes qui avaient visité l’atelier de Heemeyer où il construisait le killdozer ne l’avaient jamais remarqué, un fait qui a encouragé Heemeyer.

En ce qui concerne le killdozer de Marvin Heemeyer lui-même, les fonctionnaires de l’État ont décidé de le démonter et de le vendre à la casse. Ils ont envoyé les morceaux à des dizaines de ferrailleurs pour empêcher les admirateurs de Heemeyer d’en arracher un morceau, car il est vite devenu évident que le killdozer allait être le sujet de constructeurs amateurs pendant des années.

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