Philippe II, duc d’Orléans

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Mois avant la mort de Louis XIV, Philippe est présent à l’ambassade de Perse auprès de Louis XIV. Mohammed Reza Beg était un haut fonctionnaire auprès du gouverneur perse de la province d’Erevan (Arménie). Il avait été choisi par l’empereur perse safavide Sultan Husayn pour cette mission et voyageait avec un grand entourage, comme il convient au diplomate d’un puissant empire.

La scène de l’entrée de l’ambassadeur perse à Paris, le 7 février 1715, a été décrite par François Pidou de Saint-Olon (1646-1720), un noble qui avait été délégué au poste diplomatique d’agent de liaison auprès de la délégation perse.

Testament de Louis XIVModification

Le 29 juillet 1714, sur l’insistance de son épouse morganatique, la marquise de Maintenon, Louis XIV élève ses enfants légitimés au rang de princes du sang, ce qui leur  » donne le droit d’hériter de la couronne si les lignées légitimes s’éteignent « . Ainsi, Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine et Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse sont officiellement insérés dans la ligne de succession héréditaire à la suite de tous les princes du sang légitimes et reconnus.

Mme de Maintenon aurait préféré que Philippe V soit régent et que le duc du Maine soit lieutenant général et par conséquent aux commandes. Craignant une reprise de la guerre, Louis nomme le duc d’Orléans co-président d’un conseil de régence, mais un conseil qui serait rempli de ses ennemis et dont les décisions seraient prises à la majorité des voix, forcément contre lui. Le véritable pouvoir serait entre les mains du duc du Maine, qui est également nommé tuteur du jeune souverain.

Le 25 août 1715, quelques jours avant sa mort, Louis XIV ajoute un codicille à son testament :

Il fait appeler le chancelier et rédige un dernier codicille à son testament, en présence de Mme de Maintenon. Il cédait, par pure fatigue, à sa femme et à son confesseur, sans doute avec la réserve que son geste extraordinaire serait écarté après sa mort, comme le testament lui-même. Sinon, il aurait délibérément condamné son royaume à une lutte perpétuelle, car le codicille nommait le duc du Maine commandant de la Maison civile et militaire, avec Villeroy comme second. Par cet arrangement, ils devinrent les seuls maîtres de la personne et de la résidence du Roi ; de Paris … et de toute la garde intérieure et extérieure ; de tout le service …. au point que le Régent n’avait pas l’ombre de la moindre autorité et se trouvait à leur merci.

Le soir du 25 août, Louis XIV a une audience privée avec le duc d’Orléans, son neveu et son gendre, le rassurant à nouveau :

Vous ne trouverez dans mon testament rien qui doive vous déplaire. Je vous recommande le Dauphin, servez-le aussi loyalement que vous m’avez servi. Faites tout votre possible pour préserver son royaume. S’il venait à mourir, vous en seriez le maître. J’ai pris ce que j’ai cru être les dispositions les plus sages et les plus justes pour le bien-être du royaume, mais, comme on ne peut tout prévoir, s’il y a quelque chose à changer ou à réformer, vous ferez ce que vous jugerez bon…

Louis XIV meurt à Versailles le 1er septembre 1715, et c’est son arrière-petit-fils de cinq ans, Louis XV, qui lui succède. Le 2 septembre, le duc d’Orléans se rend à la Grand-Chambre du Parlement à Paris pour rencontrer les parlementaires afin de faire annuler le testament de Louis XIV et rétablir son droit antérieur à la régence. Après une pause qui suit une séance très animée, le Parlement abroge le récent codicille du testament de Louis XIV et confirme le duc d’Orléans comme régent de France.

Le 30 décembre 1715, le régent décide de faire passer le jeune Louis XV du château de Vincennes au palais des Tuileries à Paris où il vit jusqu’à son retour à Versailles en juin 1722. Le régent gouverne depuis sa résidence parisienne, le Palais-Royal.

Philippe désapprouve l’hypocrisie du règne de Louis XIV et s’oppose à la censure, ordonnant la réimpression de livres interdits sous le règne de son oncle. Renversant à nouveau la politique de son oncle, Philippe forme une alliance avec la Grande-Bretagne, l’Autriche et les Pays-Bas, et mène avec succès une guerre contre l’Espagne qui établit les conditions d’une paix européenne. Pendant cette période, il ouvre des canaux diplomatiques avec la Russie, ce qui se traduit par une visite d’État du tsar Pierre le Grand.

Il joue dans des pièces de Molière et de Racine, compose un opéra, et est un peintre et un graveur doué. Philippe favorise le jansénisme qui, malgré la condamnation papale, est accepté par les évêques français, et il révoque le respect par Louis XIV de la bulle Unigenitus.

Dans un premier temps, il diminue la fiscalité et licencie 25 000 soldats. Mais les mesures inquisitoriales qu’il avait entamées contre les financiers entraînèrent des troubles, notamment dans la province de Bretagne où se développa une rébellion connue sous le nom de Conspiration de Pontcallec. Il soutient les opérations risquées du banquier John Law, dont la faillite entraîne la bulle du Mississippi, une crise désastreuse pour les affaires publiques et privées de la France. C’est un exemple précoce de l’éclatement d’une bulle économique.

Le 6 juin 1717, sous l’influence de Law et du duc de Saint-Simon, le Régent persuade le Conseil de régence d’acheter à Thomas Pitt pour 135 000 livres sterling le plus gros diamant connu au monde, un brillant coussin de 141 carats (28,2 g), pour les joyaux de la couronne de France. Le diamant fut connu dès lors sous le nom de Le Régent.

Conspiration de CellamareÉdition

Article principal : Conspiration de Cellamare
Louis XV enfant, par Hyacinthe Rigaud (1715)

Il existait un parti de mécontents qui souhaitait transférer la régence d’Orléans à son cousin, l’oncle du jeune roi, le roi Philippe V d’Espagne. Une conspiration se forma, sous l’inspiration du cardinal Alberoni, premier ministre d’Espagne. Elle est dirigée en France par le prince de Cellamare, ambassadeur d’Espagne, avec la complicité du frère aîné de la duchesse d’Orléans, le duc du Maine, et d’Anne Louise Bénédicte de Bourbon, épouse de ce dernier. En 1718, la conspiration de Cellamare est découverte et ses participants exilés. Deux ans plus tard, ses objectifs sont repris dans la conspiration de Pontcallec, dont quatre chefs sont exécutés.

Guillaume Dubois, ancien précepteur du duc d’Orléans, devenu son principal ministre, fait déclarer la guerre à l’Espagne, avec le soutien de l’Autriche, de l’Angleterre et des Pays-Bas (Quadruple Alliance). Après quelques succès du maréchal français, le duc de Berwick, en Espagne, et des troupes impériales en Sicile, Philippe V fit la paix avec le régent (1720).

Dès le début de 1721, Philippe V d’Espagne, et le duc d’Orléans avaient négocié le projet de trois mariages franco-espagnols afin de cimenter les relations tendues entre l’Espagne et la France. Le jeune Louis XV de France épouserait l’Infante Mariana Victoria, âgée de trois ans, qui deviendrait ainsi Reine de France ; l’Infant Luis épouserait la quatrième fille survivante de Philippe, Louise Élisabeth d’Orléans ; et l’Infant Charles serait fiancé à la jolie Philippine Élisabeth d’Orléans qui était la cinquième fille survivante de Philippe. Les deux dernières se sont produites.

Élisabeth Charlotte, la mère de Philippe dont il sera toujours proche, par Rigaud (1722)

En mars 1721, l’infante Mariana Victoria arrive à Paris dans la joie. Connue sous le nom de l’infante Reine pendant son séjour en France, elle est placée sous la garde de la vieille princesse douairière de Conti, belle-sœur de Philippe, et vit au palais des Tuileries.

En novembre 1721, à l’âge de douze ans, Louise Élisabeth d’Orléans est mariée par procuration à Paris, Louise Élisabeth et sa jeune sœur partent pour Madrid. Malgré un accueil froid de la famille royale espagnole, notamment d’Élisabeth de Parme, la belle-mère de son mari, elle épouse Louis d’Espagne le 20 janvier 1722 à Lerma. Sa dot était de 4 millions de livres. La dernière de cette triple alliance fut Philippine Élisabeth qui n’épousa jamais Charles ; le mariage, bien que n’ayant jamais été officiellement célébré, fut annulé ; les Français renvoyèrent Mariana Victoria et, en représailles, Louise Élisabeth et Philippine Élisabeth furent renvoyées en France. Les relations franco-espagnoles ne se rétabliront qu’en 1743 lorsque le fils de Louis XV, Louis de France, épousera la sœur de Mariana Victoria, l’infante Maria Teresa Rafaela d’Espagne.

Le 15 juin 1722, Louis XV et la cour quittent le palais des Tuileries pour le château de Versailles où le jeune roi souhaite résider. La décision avait été prise par le duc d’Orléans qui, après la chute du système Law, ressentait la perte de sa popularité personnelle à Paris. Philippe prit les appartements de son cousin le défunt Dauphin au premier étage du Palais ; les appartements du roi se trouvaient au-dessus des siens.

Le 25 octobre de cette année-là, le jeune Louis XV, âgé de douze ans, reçut l’onction du roi de France dans la cathédrale Notre-Dame de Reims. A l’issue de la cérémonie, il se jette dans les bras d’Orléans.

En décembre 1722, le Régent perd sa mère dont il a toujours été proche ; la duchesse douairière d’Orléans meurt à Saint-Cloud à l’âge de soixante-dix ans, son fils à ses côtés, mais il n’assiste pas à ses funérailles car il a été appelé ailleurs pour des affaires officielles.:306</ref> Philippe est très affecté par la mort de sa mère.

À la majorité du roi, qui est déclarée le 15 février 1723, le duc se retire de la régence. A la mort du cardinal Dubois, le 10 août de la même année, le jeune roi offre au duc le poste de premier ministre, qu’il occupe jusqu’à sa mort quelques mois plus tard.

Le régent meurt à Versailles le 2 décembre 1723 dans les bras de sa maîtresse la duchesse de Falari. Louis XV le pleure beaucoup. Le duc de Bourbon prend le rôle de Premier ministre de la France.

Le 3 décembre, le corps du duc d’Orléans est transporté à Saint-Cloud où les cérémonies funéraires commencent le lendemain. Son cœur a été transporté à l’église du Val de Grâce à Paris et son corps à la basilique de Saint-Denis, (à environ 10 km au nord de Paris), la nécropole des rois de France et de leur famille.

Le cœur du duc d’Orléans se trouve désormais à la Chapelle Royale de Dreux, la nécropole de tous les membres de la famille d’Orléans, construite en 1816 par sa descendante Louise Marie Adélaïde de Bourbon, duchesse d’Orléans, épouse de Philippe Égalité. La chapelle a été achevée en tant que chapelle royale de la famille d’Orléans sous le règne de son arrière-arrière-petit-fils Louis-Philippe Ier, roi des Français.

La conspiration de Cellamare est le sujet d’un des romans d’Alexandre Dumas, Les Conspirateurs (Le Chevalier d’Harmental).

L’héritage

  • Le duc a réuni la collection d’Orléans, l’une des plus belles collections de peintures jamais constituées par un non-monarque, qui a été en grande partie vendue à Londres après la Révolution française.
  • Il a favorisé l’éducation, rendant la Sorbonne sans frais de scolarité et ouvrant la Bibliothèque royale au public (1720).
  • La ville de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, aux États-Unis, a été nommée en son honneur.

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