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DISCUSSION

Un traumatisme contondant au scrotum peut entraîner un certain nombre de blessures, notamment une hématocèle, une fracture testiculaire et une rupture testiculaire. Généralement, ces patients présentent des symptômes non spécifiques, tels qu’un gonflement du scrotum et une douleur intense, qui rendent souvent l’examen physique difficile à réaliser. Historiquement, les traumatismes scrotaux contondants étaient pris en charge de manière non chirurgicale, l’exploration chirurgicale étant réservée aux cas présentant des complications. Des taux plus élevés d’issues défavorables (altération de la fertilité, hypogonadisme, perte testiculaire) ont été associés à ce retard de prise en charge8. En cas de rupture testiculaire, les taux de sauvetage atteignent 90 % lorsque la chirurgie est pratiquée dans les 72 heures. Lorsque l’intervention chirurgicale est retardée au-delà de 72 heures, les taux de sauvetage baissent à environ 45 %.9

L’US est devenue la modalité privilégiée pour l’examen du scrotum aigu. Elle peut être employée rapidement pour fournir une imagerie de haute qualité qui peut guider avec précision les décisions cliniques et différencier les pathologies chirurgicales des pathologies non chirurgicales. Le POCUS scrotal, entre les mains d’un PE, permet de réduire le délai de diagnostic et de réduire la dépendance à l’égard des échographistes et des services de radiologie, qui peuvent ne pas être disponibles à toute heure. Les PE ayant une expérience significative de l’échographie, même en l’absence de formation formelle en échographie testiculaire, sont très précis dans le diagnostic des pathologies scrotales.1

L’imagerie ultrasonique du scrotum doit être entreprise avec un transducteur linéaire à haute fréquence (7-12MHz). Le scrotum doit être soutenu par une serviette placée entre les cuisses en adduction, le pénis étant éloigné du scrotum. La main tenant le transducteur doit être appuyée contre la cuisse et une quantité généreuse de gel doit être utilisée afin d’assurer un contact acoustique adéquat entre le scrotum et le transducteur. Chaque testicule doit être visualisé dans plusieurs plans des axes long et court avec et sans Doppler couleur. Si une structure est anormale, le côté controlatéral doit être utilisé pour calibrer les réglages de gain du Doppler en niveaux de gris et en couleur pour l’examen du testicule symptomatique.9

En échographie, un testicule post-pubère normal doit apparaître comme une structure ovoïde homogène d’échogénicité moyenne mesurant environ 5×3×2cm. La tunique albuginée entoure le testicule et apparaît comme une fine bande échogène. L’épididyme doit apparaître comme une structure tubulaire longue et effilée bordant l’aspect postérieur du testicule. Généralement, l’épididyme est iso-échogène à hyperéchogène et homogène.4,9

Avec le POCUS scrotal, l’hématocèle, la fracture testiculaire et la rupture testiculaire peuvent être rapidement identifiées et traitées chez les patients se présentant aux urgences avec un traumatisme scrotal contondant. Les hématocèles apparaissent comme des collections de liquide extratesticulaire d’échogénicité accrue en phase aiguë après un traumatisme, mais deviennent hypoéchogènes et cloisonnées avec le temps.4,9 La prise en charge chirurgicale est recommandée pour les hématocèles de grande taille (>5 cm) ou en expansion. Sinon, une prise en charge conservatrice est recommandée.10 La fracture testiculaire est identifiée par une bande hypoéchogène linéaire qui divise le parenchyme testiculaire au sein d’une tunica albuginea intacte. Si le flux sanguin est préservé, les fractures sont traitées de manière conservatrice (soutien scrotal, AINS, poches de glace, repos au lit et échographies en série). Si le segment est avasculaire, une intervention chirurgicale urgente est nécessaire.3,4,10 La rupture du testicule est identifiée par la perte du contour du testicule avec une hétérogénéité sous-jacente du parenchyme. Le diagnostic nécessite une intervention chirurgicale urgente pour préserver la fonction testiculaire.2,4,6,7

La précision de l’échographie pour l’évaluation de ces pathologies a été établie par des études rétrospectives qui ont comparé les résultats échographiques à ceux trouvés lors d’une exploration scrotale ultérieure, l’étalon-or traditionnel pour l’évaluation diagnostique et thérapeutique.6,8 L’évaluation échographique post-traumatique de l’hématocèle s’est avérée sensible à 85-87 % et spécifique à 75-89 % selon deux études portant respectivement sur 24 et 33 patients.6,8 Trois études, portant sur 33, 65 et 24 patients, ont rapporté que les résultats échographiques de la rupture testiculaire étaient sensibles à 92-100 % tout en étant spécifiques à 50-93,5 %.6-8 La précision de l’échographie dans le diagnostic de la fracture testiculaire est moins bien établie puisque le diagnostic est peu fréquent et que la plupart de ces patients sont pris en charge de façon non chirurgicale.

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