Qu’est-ce que la nébuleuse de l’aigle ?

En 1995, le monde a été stupéfait par les magnifiques images du télescope spatial Hubble de la nébuleuse de l’Aigle, un nuage de gaz et de poussières interstellaires situé à 7 000 années-lumière de la Terre.

Lorsque l’astronome suisse Philippe Loys de Chéseaux a découvert la nébuleuse de l’Aigle au milieu du 18e siècle, il n’a décrit que l’amas d’étoiles qui l’entourait. Charles Messier l’a redécouverte indépendamment en 1764 dans le cadre de son catalogue, la surnommant M16.

La première image de la nébuleuse semble avoir été réalisée par l’astronome américain Edward Barnard, en 1895.

Maintenant, les astronomes savent que la nébuleuse de l’Aigle est un nuage de gaz d’hydrogène moléculaire et de poussière vieux de 5,5 millions d’années qui s’étend sur environ 70 années-lumière par 55 années-lumière. (Une année-lumière est la distance parcourue par la lumière en un an, soit environ 5,9 trillions de miles ou 9,5 trillions de kilomètres). À l’intérieur de la nébuleuse, la gravité rapproche les nuages de gaz et les fait s’effondrer vers l’intérieur. Si la quantité de gaz est suffisante, la fusion nucléaire s’allume au centre et le nuage compact devient une étoile brillante. Les scientifiques soupçonnent la nébuleuse de l’Aigle de renfermer plusieurs régions de formation d’étoiles.

Une tour de gaz froid et de poussière s’élève de la nébuleuse de l’Aigle. (Crédit image : NASA, ESA, et The Hubble Heritage Team STScI/AURA))

L’observation de la nébuleuse de l’Aigle nous donne des indices sur la formation de notre système solaire. Le gaz et la poussière qui se sont finalement effondrés dans le soleil il y a 4,5 milliards d’années ont probablement résidé dans une structure similaire à la nébuleuse de l’aigle.

Cette énorme pouponnière stellaire se trouve à 7 000 années-lumière de nous, dans le bras spiralé interne de la Voie lactée, connu sous le nom de bras de Sagittarius, ou bras de Sagittarius-Carina. Dans le ciel terrestre, la nébuleuse de l’Aigle se trouve dans la constellation de Serpens.

Les astronomes amateurs peuvent observer la nébuleuse avec des télescopes de faible puissance ou avec une paire de jumelles. Ils pourront voir clairement environ 20 étoiles, entourées de gaz, de poussière et de la lumière d’étoiles plus faibles. Dans des conditions d’observation claires et sombres, les observateurs pourront également apercevoir les fameux trois piliers de la nébuleuse.

Les piliers de la création

L’une des images les plus connues de la nébuleuse de l’Aigle est celle prise par le télescope spatial Hubble en 1995, mettant en évidence trois colonnes géantes et gazeuses appelées les « piliers de la création. » Ces trois colonnes contiennent les matériaux nécessaires à la construction de nouvelles étoiles et s’étendent sur 4 années-lumière dans l’espace.

En 2010, l’observatoire à rayons X Chandra de la NASA a jeté un coup d’œil à l’intérieur des piliers et a pris des images qui n’ont révélé qu’une poignée de sources de rayons X. Comme les nouvelles étoiles sont un foyer d’activité de rayons X, les scientifiques ont supposé que les jours de formation d’étoiles des piliers touchaient à leur fin.

De même, une recherche de 2007 a suggéré qu’une supernova stellaire, il y a 6 000 ans, pourrait avoir déjà soufflé les piliers hors de leur formation et dans l’espace. La lumière mettant du temps à voyager, il faudra peut-être attendre encore un millier d’années avant de pouvoir confirmer leur disparition.

En 2015, 20 ans après la première photo emblématique des piliers de la création prise par Hubble, le télescope spatial a photographié une nouvelle fois la région, cette fois avec un équipement amélioré. Les nouvelles images étaient plus nettes et l’équipement avancé du télescope lui a permis de capturer une image de la région dans des longueurs d’onde infrarouges qui pénètrent sous le gaz et la poussière pour voir les étoiles intégrées dans les piliers. Les images ont révélé que les piliers avaient changé au cours des deux dernières décennies. Par exemple, les longs jets de gaz projetés par des étoiles encore en développement se trouvaient désormais à différents endroits des piliers.

La nébuleuse de l’aigle est tellement géante et brillante que les astronomes amateurs n’ont pas besoin d’un équipement aussi sophistiqué que le télescope spatial Hubble pour observer ce magnifique nuage d’étoiles. Regardez cet exemple impressionnant envoyé à Space.com en 2013 par l’astrophotographe Terry Hancock.

Les colonnes sont vraiment gazeuses

Les globules gazeux en évaporation, ou EGG, sont des poches denses de gaz qui se trouvent au sommet des colonnes de la nébuleuse de l’Aigle. Certains EGGs apparaissent comme de minuscules bosses à la surface, tandis que d’autres ont été complètement découverts ou même coupés des piliers. Les EGGs persistent pendant 10 000 à 20 000 ans. Bien que certains EGG finissent par s’effondrer en de nouvelles étoiles, d’autres manquent de suffisamment de gaz pour créer un nouveau candidat stellaire.

Les EGG ne sont pas petits – ils s’étendent sur environ 100 fois la distance de la Terre au soleil (la distance Terre-Soleil est d’environ 93 millions de miles, soit 150 millions de km). Chaque EGG a à peu près la même taille que notre système solaire (en comptant la lointaine ceinture de Kuiper et le nuage d’Oort, composé d’objets glacés).

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